Autoflagellation narcissique.

8 décembre 2014 § Poster un commentaire

Deux ans et demi ?
Ma bonne dame ! Comme le temps pass’vite !
Autant vous le dire, j’ai pas chômé !
J’ai créé deux autres blogs… Non, trois ! Un qui est en phase terminale, un deuxième que j’aimais bien mais que je n’alimente plus (c’est gourmand, un blog…), et un troisième, créé avant le deuxième, abandonné, puis repris, puis abandonné…
Et là, je retombe sur celui-ci : le précurseur !
Enfin presque, puisqu’il y a eu la version 1.0 qui a disparu de la Toile, remplacée par la version 2.0.
Oui, moi, les versions béta 1.05, 1.1 etc. c’est pas mon truc ; j’étais allé directement à la version 2.0.
Voilà, voilà.
Je suis content d’écrire ce billet qui est d’une importance fondamentale.
Donc.
Dites, rassurez-moi, vous aussi, vous avez pondu des blogs en pagaille ? J’veux dire, avant de vous accrocher à l’un d’entre eux, à celui qui finalement vous convenait le mieux ?
Hein ? Non ?
Ah merde…
Ben tant pis.
Moi c’est comme ça, et si t’es pas content, tu sors.

J’ai relu, bien entendu, les précédents articles du blog.
Je suis une victime de mon sentiment de victimisation exacerbé par la toute puissance de mon ego, lui-même sublimé par mes talents à peine voilés.
Autrement dit, les deux derniers articles (au moins) sont de la grosse bouse malodorante.
C’est dit.
Je ne vais pas les supprimer.
J’assume mes moments de médiocrité.
Et grâce à eux et à leur nullité, vous ne pourrez que constater l’extraordinaire portée de ma supériorité intellectuelle. Et ma modestie.
Ce que je vais faire, et ça va me demander du temps, c’est que je vais aller picorer deux trois articles sur les autres blogs en faillite, parce qu’il y a quand même deux trois articles que j’aime bien, alors ces deux trois articles méritent d’être affichés sur cette page blanche, pure… Pas sûr d’ailleurs qu’elle reste pure très longtemps avec les deux trois articles que je vais insérer ici.
Tant pis.
J’assumerai mes débordements vulgaro-sexuels, mes dots doucement susurrés à l’oreille de lectrices lubriques et chaudes comme un micro-onde en mode grill… Non parce que quand même, j’ai un peu évolué dans le style. Hein. Oui. Quand même.
Je ne dis que c’est mieux, je dis que, parfois, c’est différent.
Et puis vous le savez, je fais ce que je veux, je suis chez moi, je ne vous ai pas obligés à venir, hein ?
Bon. On y va ?

Trop belle pour toi.

18 Mai 2013 § Poster un commentaire

Ce sera un texte brouillon.

Je resterai seul. Célibataire.
J’avais un doute. Je ne l’ai plus.

J’ai croisé une femme, la trentaine, brune, magnifique. Pendant deux heures, je n’ai pu m’empêcher de la bouffer des yeux. Le soir, chez moi, son visage revenait constamment. Elle m’avait perturbé. La nuit, au milieu d’un rêve étrange, elle m’est apparue. Et le lendemain matin, au moment de partir au boulot, j’étais encore perturbé, au point de faire n’importe quoi, oublier mes clefs, les papiers de la voiture, puis le portable… Il m’a fallu me rendre à l’évidence : j’avais « flashé » sur elle.
Ce qui m’arrive une fois tous les trois ans. En moyenne.
Pas du genre à dragouiller toutes les dix secondes; pas du genre à flirter; je veux du vrai « flash ». Et vu que cela arrive tous les trois ans (en moyenne…), statistiquement, en prenant compte les probabilités que l’heureuse élue soit célibataire ET qu’elle éprouve un quelconque intérêt pour ma petite personne, les chances d’être avec quelqu’un sont tellement faibles qu’elles en sont ridicules.
Cette brune est en couple. Bien entendu.
C’est con. Pour moi. Je suis con. Trop belle. Et moi trop con. Quel beau couple !
Rien ne va plus.
Ça m’a juste plomber le moral.
Je ne sers décidément à rien.
Je resterai seul. Ça me pèse. Elle était belle. J’aurais bien aimé le lui dire.
Rien ne va plus.
Je n’ai que ce clavier pour l’exprimer.
Rien ne va plus.
Plus envie de rien.
Je suis là, tous les jours, à tenter de progresser, faire du sport, me motiver… A quoi bon ?
Bien m’habiller ? Pour séduire qui ? Être « présentable » ? Pour qui ? Être avenant ? Dans quel but ? Flasher sur une fille tous les trois ans et se retrouver seul ? irrémédiablement ?
J’en ai plein le cul.
Je suis invisible.
Je suis seul.
Je ne comprends plus ma vie.
Je vous emmerde.
Ciao.

Inutile

12 Mai 2013 § Poster un commentaire

Je ne sers à rien.
Ou plutôt, je sers à faire la bouffe, les courses, le ménage, le repassage.
On ne me demande pas à quoi je sers.
Je vais bien ? Ça vous inquiète ? Ça n’inquiète personne.
Je suis inutile.
Je me suis donné des talents qui n’existent que dans mes fantasmes; je croyais écrire, je ne suis qu’un scribouillard de merde; je croyais chanter, je ne suis qu’un chanteur de douche.
Je suis médiocre, médiocre intellectuellement, médiocre physiquement; je n’ai rien, pas de don, ou mieux, pas de talent; je n’ai rien qui fasse briller les yeux d’une femme.
Je suis seul.
Je serai toujours seul.
Je suis pauvre. J’ai tout raté.
Je suis bientôt à la rue, je vais être obligé de vendre l’appartement où j’habite quand le jour du paiement des droits de succession viendra.
Je n’ai pas d’avenir.
Je suis inutile, médiocre, invisible.
Je tente depuis des mois de me battre contre moi-même, mais je me bats seul, pas de soutien, pas d’écoute, pas d’aide. Je ne me plains pas, donc tout va bien.
Je bois tous les soirs.
Je ne vis pas, j’attends que les jours passent.
Je ne sers à rien.
Ma fille ? Sa mère s’est mariée avec un millionnaire, l’avenir de ma fille est assuré, et pas grâce à moi.
Je suis fatigué, fatigué de penser aux autres avant de penser à moi.
J’écris ce texte, je le publie sur un blog que personne ne lit.
Mais au moins, ce post sera publié, quelque part, il vivra, il sera lisible à défaut d’être lu.
Je suis vraiment très fatigué.

Pilule vs cerveau

26 février 2013 § Poster un commentaire

« Bonjour… Euh… Ouais, bon, bref… Quelle heure il est ? Ah. Bon. Bonjour…
– Oui, bonjour… Vous désirez ?
– Ben une pilule, p’têt deux, non ? Hein ?
– Pilule pour quoi ?
– Ah ! Ben à vot’avis ? Vous voulez que j’vous souffle dessus ?
– Non, non, ça ira, un dimanche à 9h, je peux m’en passer… Vous avez votre ordonnance ?
– Hein ? Quelle… Ah, pasqu’il faut un papier, tout ça ?
– Ah ben oui, c’est uniquement sur prescription médicale…
– Pers… Presquip… Prescrit… Ah merde… Ah bon ? Faut que j’vous un toubib ?
– C’est un peu le principe, oui…
– Oh ! Ohhhh ! Vous foutez pas de moi, hein ! Bon, non mais, ça va, hein ! Bon… Mais bon… OK. Mais j’suis pas malade ! J’ai pas besoin d’voir un toubib, là !
– Hummmm… Pas sûr…
– Quoi ?
– Non, rien… Ecoutez, la délivrance de la pilule ne se fait qu’en présentant une ordonnance, c’est comme ça, je ne peux pas délivrer sans ordonnance…
– […]
– Voilà, voilà… Autre chose ?
– Ben… Euh… De l’aspirine ? J’peux, ça ? »

Une équipe de chercheurs -bourrés ?- a mis au point une « pilule » contre les effets indésirables de l’alcool, autrement contre le taux d’alcoolémie trop élevé, la gueule de bois, la gerbe dans le lit, etc.
Ça se passe aux USA (évidement), en Californie (tiens donc…), et cela a déjà été testé sur des souris : elles sont parties en boite, ont picolé comme des polonais (vive l’Europe), une a fait un coma éthylique, puis sont rentrées au labo (en taxi) et ont avalé une pilule… Ben après, hop, taux d’alcoolémie en baisse, plus de vertiges, il parait même qu’elles ont fait un « after » tant elles se sentaient mieux…
Devant ces résultats encourageants, les chercheurs -dégrisés- ont publié leurs travaux dans une revue scientifique de renom. Et envisagent sérieusement de tester la pilule sur l’homme.
Quelle belle nouvelle, en ce dimanche triste et gris, dans notre beau pays du vin ! Imaginez ! Boire, ingurgiter des litres de vodka, de whisky, de gin, vomir -un peu-, et puis vouloir prendre sa bagnole, avaler sa petite pilule, rangée dans la boite à gants à coté de l’éthylotest, et en voiture Simone !
Quelle révolution pour la sécurité routière ! Quelle avancée pour la responsabilisation des gens ! Et quelle perspective réjouissante pour Pernod-Ricard !
J’aime quand l’homme fait progresser l’ensemble de l’humanité de la sorte !
Vivement la pilule contre la connerie !
J’espère qu’elle sera en vente libre !

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19 décembre 2012 § Poster un commentaire

Bientôt l'alignement

Bientôt l’alignement…

Feuilles.

17 décembre 2012 § Poster un commentaire

Je suis seul.
Je regarde autour de moi. Les murs blancs attirent le néant, le néant m’attire.
Seul.
Que faire ?
Je doute, je réfléchis, je n’ai pas la solution, je doute encore.
Le temps passe. Rien n’efface cette question.
Comment faire ?
Seul. Des babioles captent mon regard vide. Je repense à tous ces petits moments, quotidiens, où chacun de nous est assailli par un doute, soudain, brutal, pour un sujet du plus grave au plus banal. On balaie toujours ces moments, on trouve toujours, on agit, on fait taire la petite voix, on cherche, on se trompe. Mais ces moments reviennent sans cesse, on ne s’en rend même plus compte.
Mon moment de solitude, je le soupèse, je le toise et je m’écroule devant lui, je le sens, je le vis, ce moment-là, je ne peux que le regarder en face et découvrir toute ma pauvreté d’action.
Le temps s’écoule, j’entends les bruits dehors, ceux de la vie qui continue alors que je suis là, bêtement, à me demander que faire pour sortir de ce moment de doute.
Interrogation longue, solutions alternatives jamais satisfaisantes, oui, je vais faire ça, non, c’est idiot, voire impossible…
Alors j’attends, je ne sais quoi.
Seul.
Assis sur mes toilettes.
Un rouleau vide de papier WC dans la main.

Lex

3 juillet 2012 § Poster un commentaire

Juillet 2012.
Je roule tranquillement depuis quelques minutes, les yeux sur mon compteur de vitesse, parfois sur la route, car un panneau signale aux automobilistes et autres motards qu’un radar fixe mais mobile peut se cacher sans forcément être invisible à n’importe quel moment de la journée mais surtout vers 14 heures. Je reste donc une vitesse maximale de 54 km/h, sachant que la tolérance est de 5 km/h. Je me garde un petit km/h de sécurité.
Dans le flot de voitures que je croise, je vois de plus en plus fréquemment leurs conducteurs faire des appels de phares.
J’en déduis que la marée chaussée n’est pas loin.
Je hausse les sourcils. Peu m’importe.
J’ai un éthylotest, un gilet jaune et un triangle, et je roule à la vitesse autorisée.
Ainsi, je suis en conformité avec la Loi.
Bon.
Le truc, c’est que j’habite dans le sud.
Actuellement, les températures titillent allègrement les 30 degrés à l’ombre ; on peut se dire que la chaleur est encore plus forte dans une voiture, restée garée au soleil quelques heures.
Mon éthylotest doit être conservé à une température maximale de 40 degrés.
Du coup, j’ai acheté une glacière pour conserver mon éthylotest.
Le problème, c’est que ma glacière prend de la place, donc je suis obligé de la mettre dans le coffre.
Je décide donc d’aller prendre mon éthylotest afin de le placer dans la boîte à gants ; je mets mon clignotant, ralentis et m’arrête sur le bas coté.
Comme il est assez peu aisé de passer par l’habitacle pour aller au coffre et ouvrir ma glacière, j’ai mis juste à coté de moi, sous le siège avant, mon triangle et mon gilet jaune, afin de pouvoir sortir de ma voiture à n’importe quel instant, en toute sécurité.
Ainsi, je peux aller ouvrir mon hayon arrière, ma glacière, en profiter pour boire deux bières, et croyez bien que par cette chaleur, c’est très agréable.
Après cette pause bien méritée, je peux me défaire de mon gilet car la matière tient vachement chaud, surtout en plein soleil (oui, car je suis sur une route où tous les arbres ont été coupés, afin d’augmenter la sécurité des conducteurs susceptibles de se prendre un tronc en ligne droite), le ranger dans le coffre avec le triangle, que je prends soin de plier avant d’enlever mon gilet, bien entendu, et retourner derrière le volant, avec mon éthylotest frais et dispo que je place dans la boîte à gant.
Hélas, je me rends alors compte que cet éthylotest a une date limite d’utilisation qui est celle… d’hier.
Je sais que c’est mal, alors, étant extrêmement prévoyant, je décide d’aller chercher le deuxième éthylotest, celui acheté il y a quinze jours sur internet, acquis 40 % plus cher qu’il y a six mois, les boutiques cessées en vendre étant à cours de stock.
Bien. Sauf que mon triangle et mon gilet jaune sont restés dans le coffre.
Je regarde dans le rétroviseur pour constater que la circulation est toujours aussi dense.
Je n’ai donc plus le choix : je me contorsionne, passe à l’arrière du véhicule, me glisse difficilement et abaisse tant bien que mal un dossier du siège arrière, manque de me faire exploser le coude en tentant d’ouvrir ma glacière. Y étant parvenu, j’attrape le second éthylotest, en profite pour choper trois autres bières car je ne vais faire tous ces efforts pour rien, et retourne avec moult péripéties devant le volant. Je peux prendre mon temps, je suis très correctement stationné sur le bord de la route, en dehors de la chaussée et j’ai mis mes warnings.
Je sue à grosses gouttes, avale deux bières, me délecte de ce breuvage frais et revigorant, et pose avec une fierté non dissimulée mon second éthylotest à coté du premier.
Je reprends mon souffle, observe encore les voitures en face qui font toujours des appels de phare, finis ma cinquième bière et me dit que, après ces quelques gouttes d’alcool, il est plus raisonnable de souffler dans mon ballon avant de passer devant les gendarmes. Je prends donc l’éthylotest, l’ouvre, mets 25mn à le préparer. Et m’aperçois que j’ai pris le « périmé ».
Étant très confiant quant aux recommandations des fabricants, j’opte donc pour l’abandon de ce premier test et prépare le second éthylotest.
Et je découvre, un peu surpris, qu’il est positif.
Je n’ai donc plus le choix.
Je ne peux pas conduire, la Loi m’en empêche. Je sens la pression de la Justice m’oppresser et le regard du président du tribunal d’instance sur mon comportement irresponsable.
Je me contorsionne à nouveau, arrive péniblement jusqu’au coffre et y prends le gilet jaune et le triangle.
J’enfile le gilet, sors de la voiture, pose le triangle.
Et pars à pied.
Étant donné qu’il est à peu près 13 heures, que je n’ai pas déjeuné, que j’ai cinq bières dans le ventre, que le soleil tape et que mon gilet commence à décolorer et à fondre sur ma chemise, je fais environ 500 mètres et je m’écroule dans un petit tas d’herbes sèches.
On m’a expliqué à l’hôpital que l’effet cumulé de la chaleur et de l’alcool avait été fulgurant.
Ma voiture est à la fourrière.
Les gendarmes qui étaient plus loin et qui sont venus me secourir m’ont mis une amende pour alcoolémie trop élevée sur la voie publique.
Et je n’ai plus d’éthylotest…

P.S. : je n’ai rien contre la sécurité routière, bien au contraire… Mais parfois, la loi amène de l’humour dans un monde aseptisé, bien malgré elle.

Parce que c’est elle.

22 juin 2012 § Poster un commentaire

Trois secondes.
Le monde s’arrête, lui aussi attend, me laisse la possibilité de goûter chaque poussière de temps.
Tout est flou autour de moi. Les gens bougent, parlent, je ne vois rien, je n’entends rien.
Trois secondes.
Elle passe sa main au-dessus de moi pour saisir quelque chose sur la table.
Je ne sais pas vraiment. Pris quoi ? Aucune idée.
Mon esprit est bloqué. Tétanisé. Il rêve, il sent son autre main sur mon épaule, il me souffle de ne pas bouger, de ne pas tressaillir, de ne surtout pas laisser deviner mon émotion, de ne pas me tourner, parce qu’il sait que c’est elle. Mes yeux ne la voient pas, mon corps la devine, sent presque son souffle dans mon cou.
Je profite, je jouis de cet instant qui semblerait si futile et banal aux autres, et qui me plonge dans un miracle éphémère ; seul le souvenir de cette sensation perdure et continue de me troubler.
Trois secondes.
Sa main sur mon épaule. Elle me touche, je suis son appui, elle est mon échappatoire, ma rêverie, finalement la raison qui fait que je suis là ce soir, au milieu des autres que j’oublie pendant trois secondes. Sa main m’apaise, elle ne le sait pas, je le découvre, ça me plait, ça m’ennuie, je veux de nouveau cette main, jamais je ne l’aurais.
Elle est ma folie qui devient raisonnable pendant ces instants.
Pendant des heures, je l’ai regardée, naviguer d’une table à l’autre, d’un convive à l’autre ; sa prestance éblouit la soirée, les hommes sont sensibles à cette silhouette élancée et sportive, à cette chevelure flottant sur les regards de ceux qui voudraient. Vouloir ce que vous voulez est en-deçà de mes envies. Elle bouscule mes neurones, joue avec mes nerfs sans le savoir ; je la vois souvent, on se frôle, on se parle, on s’ignore. Ce soir, sa main est sur mon épaule. Trois secondes.
J’existe à travers l’émotion.
Rien d’autre. Rien qu’une main sur mon épaule.
Ne pas oublier, vivre ce moment, sans doute unique, se souvenir de la sensation.
Une soirée à attendre, quelque chose, sans savoir quoi, tout en sachant que cela ne pouvait pas être ce que j’attendais.
Et c’est arrivé, simplement, naturellement.
Sait-elle seulement quelle est la portée de ce geste ?
Non.
J’existe parce qu’elle me parle, je disparais quand elle m’ignore, et je renais quand elle me sourit.
Vous la verriez sur votre route, vous vous retourneriez. Sans nul doute.
Je ne me suis pas retourné, douce certitude de sa présence sans voir son visage. Sa main seule me parlait.
Je veux d’autres mains sur mon épaule, je voudrais mes mains sur son visage ; je voudrais répondre aux questions qui m’assaillent : en suis-je capable ? Pourrait-elle un jour cesser de voir pour me regarder ? Voit-elle mon trouble ?
De longs mois à attendre cette émotion ; des femmes, croisées, mais ne suscitant rien ; et elle est arrivée, comme ça, comme toujours, c’est toujours comme ça.
Je me vois minuscule, elle est et je pourrais être, si elle voulait être avec moi. Je ne suis juste que ce que je suis, est-ce suffisant ?
Trois secondes.
Elle a sans doute déjà oublié. Pas moi.

Fatigue.

17 juin 2012 § Poster un commentaire

Le sommeil s’en va. Tout s’en va.
Les nuits passent, inlassablement noires et longues.
Je perds. Tout s’envole. Les idées, les croyances et la sincérité d’une vie en poussières.
Tout s’en va.
Je vois l’obscurité partout. Elle entoure le moindre sentiment.
Mais je suis le seul à la voir et à m’y perdre.
Tout s’en va.
Vous ne voyez rien. Moi non plus.
Ouvrez les yeux.
Les miens sont ouverts depuis des mois et ne regardent plus.
Tout s’en va.
Confusion, brouillard, pensées noires et opaques, cachant la lumière perdue.
Seuls les mots restent, et ils sont silencieux.

Concerto pour vaches.

3 juin 2012 § 2 Commentaires

La petite fille traînait son violon derrière elle, comme le boulet d’un apprentissage trop lourd. Au loin, le brouhaha de la vie familiale emplissait le vide d’un paysage campagnard trop silencieux. Elle ne savait plus où jouer de son instrument ; son art naissant nuisait, semblait-il, à l’oreille experte des parents souhaitant la musique mais rêvant d’une virtuose qu’ils n’avaient pas.
Pourtant, elle l’était, virtuose : dans ses émotions, dans ses pensées, dans ses volontés, dans ses envies.
Elle se dirigea vers le fond du jardin, près d’une barrière de fortune qui laissait entrevoir toute la beauté des paysages de carte postale où sont vantées les merveilles bretonnes.
Elle se posa là, appuyée contre un piquet.
Elle prit son violon, son archet et grattouilla quelques cordes.
Des sons que le quidam pouvait juger insupportables volèrent dans les airs purifiés d’une région préservée.
Elle joua, reprit ses notes, ajusta son instrument et joua encore.
Au loin, de joyeuses vaches, ne demandant qu’à brouter tranquillement, notèrent la chose, et s’approchèrent de cette barrière où ce petit humain semblait émettre des sons qu’elles ne connaissaient pas encore.
Ces ruminants furent bientôt nombreux, tout proche de la petite fille et de son drôle d’outil à musique.
Dans l’intérieur de la maison, le père ruminait ses rancœurs : qu’ai-je donc raté ? Mon absence devrait être comblée par mon omniprésence quand je suis là ! Je suis musicien, je sais les lignes et les notes qui s’y collent, et ma fille fait crisser le crin sur des cordes qui gémissent de douleur… Mon dieu, elle finira fonctionnaire…
La petite fille s’en moquait. Les vaches étaient les spectateurs d’un début de vie musicale qui poursuivrait l’enfant dans les pénombres d’une mémoire facétieuse.
Il en faut, des souvenirs comme ceux-ci, pour faire de l’avenir l’envie de donner et d’offrir.
Aujourd’hui, elle offre une guitare à sa fille. La petite fille d’hier avait mis de côté les notes et les émotions de la musique, elle avait refusé d’admettre l’oreille qu’elle avait toujours eue, mais cette petite fille avec son violon n’avait jamais su disparaître et était toujours présente, pas seulement pour les regrets ou des douleurs du passé, mais pour dire à la femme d’aujourd’hui qu’elle était maintenant mère et qu’elle avait cette fille qui réclamait les notes et qui allait lui permettre d’oublier, enfin, les vaches et le violon.